Voici le verbatim de l’émission de TF1 de lundi soir où François Hollande a annoncé la réforme du 5ème risque (sont soulignées les propositions)
Laurence FERRARI
Alors, Béatrice, maintenant, LARTISANT, bonsoir Béatrice.
Beatrice LARTISANT, 64 ans, Surveillante en maison de retraite, Bergerac
Bonsoir Monsieur HOLLANDE.
Laurence FERRARI
Vous avez 64 ans, vous venez de Bergerac.
Beatrice LARTISANT
Oui.
Laurence FERRARI
C’est ça. Surveillante dans une maison de retraite, bien sûr, vous allez nous parler des problèmes de dépendance ?
Beatrice LARTISANT
Oui, compte tenu de l’allongement de la durée de la vie et des problèmes financiers existants, pensez-vous reprendre le dossier pour le cinquième risque et offrir à tout le monde une couverture ?
François HOLLANDE
Cette réforme, elle a été annoncée tant de fois …
Beatrice LARTISANT
Oui mais elle n’aboutit pas !
François HOLLANDE
…la dépendance, le cinquième risque, pourquoi ? Parce que vous en témoignez, le travail que ce soit en établissement ou à domicile, est un travail essentiel pour soulager la personne et soulager la famille. Il faut du personnel qualifié.
Beatrice LARTISANT
Exact.
François HOLLANDE
Formé parce que c’est un travail très difficile et qui exige une amélioration de la formation tout au long de l’exercice professionnel. Alors, ça a un coût. Aujourd’hui, c’est ce que l’on appelle l’allocation personnalisée à l’autonomie qui vient en secours des familles …
Beatrice LARTISANT
Oui.
François HOLLANDE
…que ce soit pour le maintien à domicile ou pour l’établissement mais ça ne suffit plus.
Beatrice LARTISANT
Non …
François HOLLANDE
Enfin, vous avez …
Beatrice LARTISANT
Non
François HOLLANDE
…travaillé …
Beatrice LARTISANT
Je suis confrontée de plus en plus …
François HOLLANDE
Vous voyez ce qu’il reste aux familles, c’est terrible !
Beatrice LARTISANT
Non, non mais même à la difficulté de faire rentrer les personnes parce que …
François HOLLANDE
Oui !
Beatrice LARTISANT
…elles ont des retraites tout à fait modestes et même si les prix de journée sont acceptables dans les maisons associatives à but non lucratif, il est très difficile pour les familles de prendre en charge d’autant que l’allongement de la vie fait que les personnes âgées maintenant rentrent en structure très tard. Elles ont quelquefois entre 90 et 95 ans et leurs enfants sont déjà à la retraite…
François HOLLANDE
Bien sûr !
Beatrice LARTISANT
….eux-mêmes avec des petites retraites, ils ne peuvent pas aider leurs parents.
François HOLLANDE
Bien sûr ! Le prix de journée dans une maison de retraite, c’est 50/55 euros.
Beatrice LARTISANT
Chez nous, c’est un peu moins cher.
François HOLLANDE
Chez vous, c’est un peu moins parce que …
Beatrice LARTISANT
Parce qu’on est une association …
François HOLLANDE
…une association …
Beatrice LARTISANT
…à but non lucratif.
François HOLLANDE
Mais aujourd’hui les établissements qui s’ouvrent sont sur ces niveaux tarifaires.
Beatrice LARTISANT
Bien sûr mais c’est invraisemblable !
François HOLLANDE
Vous vous rendez compte de ce que ça peut représenter pour la famille et comme Madame dit, ça pèse non seulement sur la personne qui est accueillie et qui a parfois une très petite retraite …
Beatrice LARTISANT
850 euros, c’est une retraite moyenne …
François HOLLANDE
…et qui est obligée de vendre tout son patrimoine en définitive.
Beatrice LARTISANT
Oui.
François HOLLANDE
Et deuxièmement, ça pèse aussi sur les enfants qui sont déjà des personnes âgées et qui ont également des petits revenus. Donc malgré l’allocation personnalisée à l’autonomie, nous devons aller vers ce que l’on appelle la réforme de la dépendance qui avait été promise et qui n’a pas été tenue mais il faut dire la vérité aux Français, si nous voulons parce que nous allons vivre plus longtemps, ce qui est quand même un bien de pouvoir vivre plus longtemps, nous allons être amenés à avoir des dépenses qui vont être plus élevées pour assurer cette solidarité. Donc la réforme de la dépendance, il y a deux systèmes possibles ; soit chacun s’assurera avec ses propres revenus et à ce moment-là, c’est l’inégalité mais c’est un risque. Ceux qui ne pourront pas seront mis où ? Dans leur famille quand elles en ont ? A l’aide sociale ? C’est quand même une difficulté. Donc l’autre système, c’est un système de solidarité, ce que vous appelez d’ailleurs, Madame, le cinquième risque financé par une cotisation spécifique. Et donc nous aurons à poser cette question et moi, ma réponse, c’est que pour assurer ce cinquième risque, nous aurons à appeler à la solidarité nationale, c’est-à-dire à une cotisation.
Laurence FERRARI
Un impôt supplémentaire ?
François HOLLANDE
Là, il s’agira d’un pas …enfin, c’est une contribution, oui, mais que toutes les personnes auront à payer.
Laurence FERRARI
A quelle hauteur concrètement ?
François HOLLANDE
Oh, c’est …si on commence très tôt, c’est un coût très faible mais faut-il commencer très tôt. Donc c’est maintenant qu’il faut l’engager. En attendant, nous aurons à assurer dans les maisons de retraite, dans les établissements l’accompagnement de ces personnes âgées. J’ai une autre proposition, c’est le maintien à domicile, c’est très important …
Beatrice LARTISANT
Justement, j’allais...
François HOLLANDE
…qu’on puisse garder les personnes …
Beatrice LARTISANT
…rebondir.
François HOLLANDE
Alors, allez-y !
Beatrice LARTISANT
J’allais rebondir sur le plan Alzheimer.
François HOLLANDE
Oui.
Beatrice LARTISANT
Comment pensez-vous renforcer le plan Alzheimer ? Je suis moi-même gestionnaire de cas, je circule sur le département, nous avons 159 communes, nous avons énormément de personnes déficientes cognitives …
François HOLLANDE
Oui, oui !
Beatrice LARTISANT
…atteintes de maladies d’Alzheimer ou apparentées. Comment pensez-vous renforcer ces plans étant donné que les besoins émergent ? Nous sommes en ce moment en expérimentation mais les besoins d’accueil de jour, de plates-formes de répit et de consultation mémoire sont nécessaires et nous ne pouvons pas …
François HOLLANDE
Alors, d’abord, il y la prévention …
Beatrice LARTISANT
La prévention …
François HOLLANDE
…qui se fait heureusement, ce que vous dites …
Beatrice LARTISANT
Oui, en consultation mémoire.
François HOLLANDE
…c’est très important et ça suppose qu’il y ait un travail associatif qui soit engagé. Moi, je veux saluer tous les bénévoles qui se dévouent pour les personnes âgées ou les personnes en perte de mémoire …
Beatrice LARTISANT
Et les accompagnants.
François HOLLANDE
…et les accompagnants ; c’est vraiment …
Beatrice LARTISANT
C’est surtout aider les accompagnants.
François HOLLANDE
C’est vraiment un travail remarquable, bénévole ou salarié et puis, il y a le maintien à domicile et ça, j’insiste. Nous devons tout faire pour que la personne âgée reste plus longtemps au domicile et pour cela, il y a une amélioration qui peut être apportée par les nouvelles technologies, c’est-à-dire tout ce qui peut être l’alerte, l’alarme, les chemins lumineux …
Beatrice LARTISANT
Oui voilà le portage de repas …
François HOLLANDE
Le portage de repas, ce n’est pas la nouvelle technologie, c’est l’humain et tout se conjugue. Il nous faut garder le plus possible nos personnes âgées au domicile. C’est à la fois plus digne pour la personne, elle reste indépendante, en tout cas relativement autonome et en même temps, c’est moins couteux pour la société. Donc nous devons aller vers tous les systèmes qui permettent d’avoir le maintien à domicile. Mais là encore, il faut du personnel formé et qualifié pour accompagner.
Beatrice LARTISANT
Oui pour …
Laurence FERRARI
Un dernier mot, Béatrice.
Beatrice LARTISANT
Oui pour rebondir sur l’exonération des charges sociales.
François HOLLANDE
Oui.
Beatrice LARTISANT
La maintiendrez-vous ?
François HOLLANDE
Oui.
Beatrice LARTISANT
Sur les associations parce que ça permet d’avoir des prix de journée abordables ?
François HOLLANDE
Madame, vous savez toutes les difficultés financières qu’ont les grandes associations en ce moment.
Beatrice LARTISANT
Oui.
François HOLLANDE
Donc si nous ne nous maintenons pas les exonérations, ces grandes associations ne pourront même plus être à l’équilibre.
Beatrice LARTISANT
Mais il faudra demander aux structures qui bénéficient de cela, de former leur personnel …
François HOLLANDE
Bien sûr, c’est la contrepartie.
Beatrice LARTISANT
Voilà !
François HOLLANDE
C’est la contrepartie !
Beatrice LARTISANT
D’ouvrir à l’insertion des jeunes et aussi de s’occuper du plan des seniors !
François HOLLANDE
Oui, ce qu’il faut leur demander, c’est d’assurer une carrière à leurs personnels, c’est-à-dire une évolution dans leur vie professionnelle et deuxièmement, de leur donner aussi un niveau de rémunération qui leur permette d’avoir aussi une récompense pour le travail qui est fait.
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