27/12/2010

Les victimes du Mediator bénéficieront d'une "prise en charge intégrale par l'Assurance maladie" qui compte se retourner contre Servier

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Les victimes du Mediator bénéficieront d'une "prise en charge intégrale par l'Assurance maladie" qui compte se retourner contre Servier

24/12/10 - Chaque jour apporte son lot de révélations dans la presse... sur le Mediator. "Régimes amaigrissants : l'Ordre des médecins tire le signal d'alarme", c'est ce que titre Le Parisien (20-12) sur sa Une, notant sur deux pages que "trop de médecins dérapent". Dans un entretien exclusif accordé au Parisien, un membre du Conseil national de l'Ordre des médecins, le Dr André Desueur, "dénonce les méthodes de certains praticiens qui n'hésitent pas à prescrire des médicaments détournés de leur rôle initial pour faire maigrir leurs patients, avec parfois des conséquences dramatiques". Le Mediator est semble-t-il "la face émergée de l'iceberg des médicaments amaigrissants", selon le médecin. Le Parisien souligne que "84 praticiens ont été condamnés à des suspensions temporaires d'exercice depuis 2001 parce qu'ils administraient à tort du Mediator à des hommes et à des femmes qui voulaient maigrir". Les jugements du Conseil de l'Ordre révèlent d'incroyables ordonnances écrit le Parisien, où se mêlent tout et n'importe quoi dans d'invraisemblables cocktails amaigrissants... Entre autres folles ordonnances, le Parisien évoque l'usage du Prozac, star des anti-dépresseurs, pour faire maigrir des patients non-dépressifs. Le journal note que ces décisions du CNOM "sont troublantes. Elles montrent que les dérives de médecins qui prescrivaient du Mediator comme coupe-faim étaient connues depuis 2001. Les chambres ordinales voyaient défiler des affaires sur ce thème tous les mois. Comment imaginer alors que le ministère de la Santé n'était pas au courant ?". Et pourtant, le défilé des ministres de gauche comme de droite jurant ne pas l'être est impressionnant.
D'ailleurs, "Le Médiator tue aussi la mémoire", titre Le Canard enchaîné. Depuis les premières alertes sérieuses, en 1995, dix ministres et secrétaires d'Etat à la Santé, quatre directeurs généraux de la Santé et cinq directeurs de la Cnam se sont succédés sans qu'il y ait eu de prise de décision.
Libération publie une longue enquête de cinq pages et titre sur sa Une "Les coups bas du labo du Mediator". "Dirigé de main de fer, le groupe s'illustre par son culte du secret, son marketing sans scrupules et son lobbying politique". Le Monde évoque également, dans une enquête, "les intrigues des laboratoires Servier".
Les associations de malades se réveillent enfin sur le sujet. A travers une lettre ouverte, le CISS fait six propositions à Xavier Bertrand sur la sécurité et la démocratie sanitaire. Le collectif réclame : la clarification des conditions de l'expertise pré-décisionnelle (traçabilité des conflits d'intérêts, code de déontologie de l'expertise, Haute autorité de l'expertise, mention des avis contradictoires) ; la gouvernance des agences et autorités indépendantes dans les domaines concernés (présence de représentants des usagers dans les instances décisionnelles ou collégiales, création de comités de vigilance et d'alerte) ; la transparence sur les retours d'expérience, tant au plan collectif qu'individuel ; la création d'un statut des lanceurs d'alerte et d'une procédure d'alerte ; la création d'un statut des lobbyistes ; des progrès dans l'Europe de la sécurité sanitaire. 
De son côté, le président Nicolas Sarkozy a demandé "la transparence la plus totale" sur cette affaire, lors du Conseil des ministres du 22 décembre.  Mais "pas un mot n'a été prononcé en direction des familles de patients décédés ni des malades du Mediator. Et, si Nicolas Sarkozy a évoqué des «failles» en matière de pharmacovigilance, il n'a en revanche rien dit à propos de Servier", souligne Le Figaro.
L'Inspection générale des affaires sociales, dont le rapport est attendu le 15 janvier, devra se prononcer sur les responsabilités des différents rouages sanitaires à propos de ce médicament.
Mieux vaut tard que jamais, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a (enfin) mis en place un numéro vert à destination des personnes souhaitant des informations complémentaires sur le traitement du diabète utilisé comme coupe-faim Mediator : le 0800 880 700. La mise en place de ce numéro vert, dont l'exploitation sera assurée par la plate-forme technique spécialisée du ministère de la Santé, accompagne un courrier en cours d'envoi par l'Assurance maladie. Tous les patients qui ont pris du Mediator bénéficieront d'une "prise en charge intégrale par l'assurance maladie" a également annoncé le ministre Xavier Bertrand sur RTL. Un premier contingent de 350 000 lettres de la CNAM a été adressé aux personnes qui ont pris du Mediator dans les deux dernières années de sa commercialisation, et la Caisse nationale va refaire un envoi début janvier portant sur une année supplémentaire, a-t-il indiqué. Un envoi de la Mutualité sociale agricole et du Régime social des indépendants "part ces jours-ci".
Enfin, le Parisien (24-12) révèle le contenu d'une note confidentielle de l'Unocam qui indique que le médicament a coûté à la Sécurité sociale et aux complémentaires la bagatelle de 423 millions d'euros en dix ans. Avec une mise sur le marché en août 1976, on peut donc estimer que, sur la durée de vie de ce médicament, c'est plus d'un milliard d'euros que la collectivité a versé aux laboratoires Servier. Et c'est sans compter le coût du traitement des effets secondaires graves du Mediator, qui, dans certains cas, ont entraîné la mort. Le député PS Gérard Bapt, qui a salué l'annonce du ministre de la Santé, avance pour sa part le chiffre de 1,2 milliard d'euros au titre du remboursement du Mediator sur toute sa période de commercialisation, avec une progression du nombre de boîtes vendues dans les dernières années. "Jusqu'à maintenant le coût du médicament et des dégâts qu'il a pu occasionnés doit être de l'ordre de 2 milliards d'euros", a-t-il déclaré à l'AFP. "Est-ce la collectivité qui de nouveau prendra en charge la faillite d'un système ?" s'est-il interrogé. "Je ne doute pas que M. Servier, qui a une fortune personnelle évaluée dans la presse aux alentours de 5 à 6 milliards d'euros, contribuera puissamment à la prise en charge des réparations", a-t-il ajouté. La CNAMTS est du même avis. "On considère que les soins pris en charge n'ont pas à être financés par la collectivité", estime le directeur Frédéric van Roekeghem. La Caisse nationale "fera valoir ses droits" dans les procédures juridiques qui seraient intentées par des victimes, a-t-il indiqué samedi 25 décembre. La question de savoir si l'assurance maladie mènera une action judiciaire globale reste en suspend.
> Sources Le Parisien :
Traitements amaigrissants : trop de médecins dérapent 
http://www.leparisien.fr/societe/traitements-amaigrissants-trop-de-medecins-derapent-20-12-2010-1198313.php
423 millions d'euros : la facture astronomique du Mediator 
http://www.leparisien.fr/societe/423-millions-d-euros-la-facture-astronomique-du-mediator-24-12-2010-1202243.php 
> La lettre ouverte du CISS : 
http://www.leciss.org/actualites.html?tx_ttnews[tt_news]=1659&tx_ttnews[backPid]=1&cHash=1ae8075920
> Les intrigues des laboratoires Servier - Enquête du Monde - 22 décembre 2010 :
http://siteinfosecusante.free.fr/spip.php?article1486
> Prise en charge "intégrale" pour toutes les victimes du Mediator - dépêche Afp :
> Mediator : l'Assurance maladie compte se retourner contre Servier
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20101225.OBS5293/mediator-l-assurance-maladie-compte-se-retourner-contre-servier.html

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